Le soin des traumatismes demeure d’importance primordiale pour les chirurgiens. Les communications présentées dans ce numéro témoignent du fait que nous reconnaissons mieux les facettes multiples des traumatismes au Canada. On a souvent parlé des traumatismes comme d’une “épidémie cachée”, car ils constituent au Canada la principale cause de mortalité chez les moins de 40 ans et d’incapacité chez les moins de 65 ans. Le financement de la recherche sur les traumatismes a tendance à être beaucoup moindre que celui des autres grandes causes de mortalité et d’incapacité. Je ne veux pas dire qu’il faudrait réduire le financement consacré à la recherche sur les maladies importantes et leur traitement : il faudrait plutôt augmenter les fonds consacrés à la recherche sur la prévention des traumatismes, le soin des traumatismes aigus et la réadaptation à la suite de traumatismes.
De plus en plus, des organismes nationaux et internationaux reconnaissent non seulement l’effet important des traumatismes sur les patients et les membres de leur famille, mais aussi leurs retombées socioéconomiques importantes sur les économies du monde.
Aux États-Unis et au Canada, l’adoption généralisée des lignes directrices sur les techniques de maintien des fonctions vitales des traumatisés a amélioré de façon inquantifiable la réanimation et le soin de ces patients. Afin de permettre le soin exemplaire des patients traumatisés, ces lignes directrices présupposent qu’il existe un environnement riche en ressources tant humaines que matérielles. Elles décrivent aussi le contexte idéal où donner une formation médicale en soin des traumatisés. En revanche, la situation des pays émergents révèle des écarts énormes et à première vue impossibles à combler. C’est pourquoi plusieurs organismes nationaux et internationaux ont entrepris de fournir du soutien approprié en éducation et en infrastructure pour améliorer le soin des patients traumatisés un peu partout dans le monde. Des organismes comme l’American Association for the Surgery of Trauma, l’Orthopaedic Trauma Association, l’Association for the Rational Treatment of Fractures et la Société internationale de chirurgie orthopédique et de traumatologie ont lancé des programmes internationaux complets visant à aider les chirurgiens et autres fournisseurs de soins de pays hors de l’Amérique du Nord et de l’Europe à fournir de meilleurs soins aux patients traumatisés.
Il s’agit là d’objectifs admirables, mais qui ne s’attaquent pas à la cause profonde du problème dans beaucoup de pays, y compris le nôtre. Des mesures aussi élémentaires que la séparation des piétons et des véhicules se prennent de routine dans les pays industrialisés, mais ne sont pas courantes dans les sociétés émergentes. À mesure que les pays émergents s’enrichissent, le nombre de véhicules à moteur y augmente de façon exponentielle, ce qui entraîne une augmentation inévitable des traumatismes et des décès causés par des accidents de la route si l’on ne prend pas des mesures vigoureuses pour améliorer les routes, les passages piétonniers, le contrôle de la circulation et les lois qui régissent le comportement des conducteurs de véhicules à moteur.
Les collisions de véhicules à moteur tuent toujours des milliers de personnes chaque année au Canada et en blessent des dizaines de milliers d’autres. Il est impératif d’appliquer des lois pour modifier le comportement des conducteurs afin de réduire ces statistiques. Les règles et les lois sur le port de la ceinture de sécurité, le repérage des conducteurs en état d’ébriété, les contrôles de vitesse et les moyens de dissuasion de la conduite négligente doivent être appliquées pour être efficaces. Une application rigoureuse réduira le nombre des décès et des traumatismes au Canada.
Les communications présentées dans ce numéro démontrent que nous réussissons bien à traiter les patients traumatisés et à enseigner ces soins à d’autres personnes, mais qu’il reste beaucoup de place pour l’amélioration. Pendant que nous cherchons à améliorer les soins aux traumatisés au Canada, il ne faut pas négliger l’enjeu tout aussi important ou encore plus important de la prévention des traumatismes.
Footnotes
Intérêts: aucuns déclarés.