Au moment où une nouvelle cohorte de chirurgiens termine nos programmes de formation, un supplément du numéro d’août du JCS présente une série d’articles provocateurs sur des sujets qui intéressent les médecins résidents et les formateurs en médecine1–9. Ils abordent les défis modernes posés par la prestation d’une formation responsable en chirurgie dans un contexte de surspécialisation croissante, de progrès de la technologie, de contraintes économiques et de changements démogra-phiques. Ces forces ont créé de nouveaux savoirs en santé et, pour les chirurgiens (et d’autres intervenants), de nouveaux rôles qui transforment radicalement la prestation des soins en chirurgie. Les programmes de formation doivent suivre ce changement.
Au cours de la dernière décennie, les universités canadiennes ont étoffé la formation prédoctorale et postdoctorale en chirurgie tout en la raccourcissant. S’il est encourageant de constater qu’il n’y aucun lien entre la formation prédoctorale raccourcie et des changements des résultats d’examen des réalisations des chirurgiens, l’effet total des changements n’est pas encore clair. Une augmentation importante du savoir en santé conjuguée à l’expansion des ressources de formation en chirurgie pourrait porter à croire que les chirurgiens sont mieux préparés. Or, il y avait un lien ténu entre la maîtrise autodéclarée des interventions par les diplômés en chirurgie générale et le nombre mesuré de leurs cas au cours de la formation, même dans le cas des interventions courantes essentielles. De plus, beaucoup de médecins résidents ont l’intention de suivre une formation supplémentaire afin de maîtriser le savoir-faire dans des surspécialités. Même lorsqu’ils ont reçu la préparation nécessaire pour pratiquer dans des communautés éloignées, nos diplômés décrivent des changements de leur champ d’exercice qui sont tribu-taires de la disponibilité de collègues dans des surspécialités et de l’accès aux services de soutien (p. ex., radiologie). Ils cherchent à atteindre les normes de soins qu’ils ont apprises, mais les niveaux des ressources disponibles limitent leurs pratiques.
Nous devons évaluer d’un œil critique la formation en chirurgie, le champ d’exercice et les relations avec d’autres disciplines. Des stratégies innovatrices porteuses de promesses peuvent étalonner la formation de telle façon que les médecins résidents la terminent en ayant acquis de la compétence. Des stratégies de stimulation innovatrices, l’analyse vidéo et la rétroaction, ainsi que des outils factuels d’évaluation de la connaissance d’interventions chirurgi-cales méritent tous d’être appliqués. Ces moyens permettront aux programmes de formation de planifier des cursus, de refermer les écarts au niveau de la formation, de choisir des sites de formation rigoureuse et de déceler les apprenants qui prennent du retard. Il faut toutefois établir un équilibre optimal entre ces outils et l’expé-rience au chevet des patients, et les rapprocher du contexte actuel constitué par le nombre d’heures de travail limitées, les défis posés par le financement des centres de simulation, la baisse de la tolé-rance des erreurs médicales et les attitudes divergentes entre les générations d’apprenants et leurs formateurs.
Qu’est-ce que tout cela signifie pour le stress chez les médecins résidents en chirurgie? Les pressions exercées par le temps et le surplus de travail demeurent de grands facteurs de stress pour les apprenants et leur famille. Si les médecins résidents en chirurgie suivent une formation supplémentaire, ils risquent de s’endetter davantage et de commencer à pratiquer au moment où les gouvernements sont moins capables de financer des salles d’opération en dépit du besoin. Ces paramètres de détresse semblent plus lourds dans la pratique privée qu’en milieu universitaire et les jeunes chirurgiens sont particulièrement vulnérables. Les défis que les programmes de formation devront relever consisteront à fournir un encadrement rigoureux et des conseils sur la carrière afin d’appuyer les médecins en début de carrière.
Le Collège royal des médecins et chirurgiens du Canada a reconnu récemment qu’il faut revoir fondamentalement la formation en chirurgie. Le Collège a mis sur pied un groupe de travail sur l’ave-nir du chirurgien général au XXIe siècle. Le groupe doit réunir des données, parrainer un centre de réflexion et présenter des recommandations sur les normes de formation en chirurgie générale, l’agrément et l’organisation. Cette initiative et les efforts des formateurs en chirurgie devraient être bien mis en évidence par les nombreux articles du supplément du JCS qui portent sur la résidence.
Footnotes
Reproduit de Can J Surg 2012;55(4):220.
Intérêts concurrents : Aucuns déclarés.